Durant deux mois, dans l’anonymat, l’artiste SAEIO a investi un terrain de jeu à l’échelle d’une rue sous la forme d’une Zone Autonome Temporaire (Hakim Bey) située dans un entrepôt SNCF à Saint-Ouen. De cette expérience indépendante des mondes de l’art, libre et expérimentale est né le projet in situ Locus Puta 1 fonctionnant à la fois comme œuvre et manifeste pour l’éloge du graffiti tel une pratique picturale élargie, appartenant à l’histoire de la peinture, qui de manière sauvage relie l’art à la vie.(Guy Debord). Une question toute simple en est à l’origine : comment retranscrire au plus prés l’énergie plastique et transgressive du graffiti et de ses codes au sein d’une pratique d’atelier avant son passage dans les mondes de l’art pour permettre au spectateur de saisir les enjeux plastiques, parfois invisibles, de ce phénomène ? De cette question est née une tentative comprenant une quarantaine de peintures in situ, sur murs et toiles. Le travail sur la lettre se conjuge aux gestes de disparation, de l’effacement, de superposition et de recouvrement, inhérents au statut éphémère du graffiti, qui deviennent aussi la trace des interactions qui se créent avec les pairs ou encore avec les équipes de nettoyage. La spontanéité, la rapidité, et la brutalité du geste pictural soulignent l’énergie du peintre de la vie moderne qui interagit avec la ville et la justice. Enfin la présence de motifs organiques et l’utilisation d’un style primitif cherchent à nier l’homme appartenant au monde profane du travail, dominé par le projet et l’utilité, au profit de l’animal qui ne résonne pas. Si pour Georges Bataille l’art pariétal est l’émotion d’un être en métamorphose qui mesure tout ce qu’il perd à devenir humain, l’œuvre de Saeio 29 000 ans BP plus tard nous emporte vers cette même problématique. Est-ce que le graffeur serait le paradigme du peintre sauvage de notre ère ? A l’heure où nous divulguons ce texte, cette TAZ se dissoudra à jamais le dimanche 29 juin à 20h00 . Texte et commissariat par Le nouvel esprit du vandalisme. 1Le titre latin Locus puta renvoie à un passage à la fois assumé et supposé. Au IV avec JC Puta est la déesse qui préside à la taille des arbres.
Biographie SAEIO (né en 1987 à Paris) est un peintre autodidacte qui évolue depuis plus d’une dizaine d’années dans le milieu du graffiti en France et à l’étranger. Chez SAEIO le Tagg est pensé comme une pratique élargie reliant l’art à la vie ouvrant la possibilité de nombreuses «rencontres urbaines » qui nourrissent son esthétique. En 2011 alors qu’il prépare son diplôme en mobilier et décoration de l’Ecole Boulle, il co-fonde le collectif Peace And Love qui regroupe dix graffeurs. Reconnu comme la nouvelle garde du graffiti pour leur démarche décalée, ce groupe de dandys évolue dans le monde entier et est régulièrement invité a exposer. SAEIO a introduit depuis peu le monde l’art. Ce passage paradoxal suscite chez lui de nouveaux questionnement et axes de recherche, ayant pour sujet le graffiti, qui génèrent chez lui de nouvelles inventions plastiques. Informations pratiques
Envoyer un mail : archivesauvage@gmail.com
- SAEIO, Locus puta, 2014
- SAEIO, Locus puta, 2014
- SAEIO, Locus puta, 2014
- Locus puta, 2014
- SAEIO, Locus puta, 2014
- SAEIO, Locus puta, 2014
- SAEIO, Locus puta, 2014
- SAEIO, Locus puta, 2014
- SAEIO, Locus puta, 2014
- SAEIO, Locus puta, 2014
- SAEIO, Locus puta, 2014
- N°6, « Locus puta », 2014 Acrylique, 246×200 cm
- N°5, Locus puta, 2014 Acrylique, aerosol, 246X200 cm
- N°4, « Locus puta », 2014 Acrylique, aerosol, laque, solvant, 247×200 cm
- N°10, « Locus Puta », 2014 Aerosol, encre, solvant , 247×200 cm
- N°7, « Locus puta », 2014 Acrylique, aerosol, laque, solvant, 246×200 cm
- N°8, « Locus puta », 2014 Aerosol, encre, laque, 247×200 cm
- N°3, « Locus puta », 2014 Acrylique, aerosol, 200×200 cm
- N°1, « Locus puta », 2014 Acrylique, aerosol, laque, 340×200 cm
- N°9, « Locus puta », 2014 Aerosol, laque, solvant, 150×200 cm
- N°12, « Locus puta », 2014 Aerosol, solvant, 150×200 cm